Carnet de
route EUROPE
PAPILLON VOLE...
J-1!
Après 9 mois de
gestation, de préparation, de plans (pas sur la comète, n'en déplaise
aux sceptiques!), voilà que le Grand Jour approche. Tout arrive! Certains méritent une mention spéciale : un GRAND MERCI à
Enfin, nous tenons à dédier ce départ à Lionel, qui fut l'un de nos premiers soutiens et qui nous manquera demain plus encore... Que cette ballade à l'africaine soit pour vous source de joie, de rêve... TOM et CHA, le 02/07/2005 dimanche
3 juillet 2005
JOUR J
environ
95 km parcourus Les premières nouvelles à 19H15! mardi 5 juillet 2005 environ 75 km parcourus Arrêt du soir à Bourg-Fidèle dans les Ardennes. merdredi 6 juillet 2005 environ 90 km parcourus Arrêt du soir à Lamoully dans la Meuse. jeudi 7 juillet 2005 environ 45 km parcourus Appel de la gare de Longuyon (Meuse) où ils décident de prendre le train pour Metz avec nuit en hôtel F1 à cause des intempéries; ils en profitent pour prendre leur 1ère douche et faire un peu de lessive. vendredi 8 juillet 2005 Journée détente. Ils ont rejoint Strasbourg en train, ont fait quelques emplettes et nous ont envoyé des nouvelles par e-mail. Demain, passage en Allemagne prévu. Ecrit le
vendredi 8 juillet de Strasbourg Nous sommes partis il y a 6 jours, nous avons parcouru 577 km, dont environ 350 pédalés JOUR J Les 12 coups de midi
sonnent sur la Grand'Place de Lille en ce dimanche 3 juillet et, comme
Cendrillon dans son carrosse, nous avons à partir avant de nous
transformer en palmiers, enracinés parmi notre famille et nos amis
réunis pour l'occasion. LE QUOTIDIEN Pour beaucoup de
gens, notre voyage paraît difficile parce qu'on le fait à vélo. Mais
pédaler, somme toute, c'est (plus ou moins) facile, c'est mécanique,
c'est comme dans le Monde de Némo: "Nage droit d'vant toi".
LA FRANCE
PAYSAGERE
De notre traversée furtive de la France, suivant
une ligne Lille-Strasbourg, nous retiendrons 2 choses: le "plat
pays" et les Ardennes. GALERE Jeudi matin. Il fait froid,
pluvieux, venteux et on se tape une nationale qui nous offre toujours
le même paysage, que l'on traverse à coups de côtes à 9 km/h et de
descentes à 50km/h. samedi 9 juillet 2005 ALLEMAGNE environ 10 km parcourus Aujourd'hui, ils sont passés en Allemagne. Après une dizaine de
kms, problème de sacoches; achat de nouvelles sacoches et remise en ordre
des affaires. dimanche 10 juillet 2005 environ 60 km parcourus Anniversaire de Thomas. Thomas a pu goûter
la Forêt Noire mais cette fois c'était la vraie! lundi 11 juillet 2005 environ 90 km parcourus
Le soir, ils sont à
Rottenburg. mardi 12 juillet 2005 environ 60 km parcourus
Le soir, ils sont à Romerstein. mercredi 13 juillet 2005 environ 90 km parcourus
Passé le Danube à Ulm. jeudi 14 juillet 2005 Fête nationale voire internationale car Charlotte et Thomas nous appellent de chez les grands parents de leur hôte de la veille, petit déjeuner offert. Beau temps depuis hier, très beaux paysages et des pistes cyclables! Départ pour Munich. samedi 16 juillet 2005
Nous sommes partis il y a 14 jours. Nous avons
parcouru 1035 km
Ecrit
le samedi 16 juillet de Munich ZUM GEBURSTAG...KEIN GLUCK! Devinez quel est le
gâteau préféré de Thomas? La forêt noire. Et devinez ce que Cha lui a
offert pour son anniversaire? La Forêt Noire, la vraie, le massif
allemand, der "Schwarzwald"! THELMA ET LOUISE "Quant à nous,
tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes!" "DAS WEG IST DIE REISE" (Goethe) Les Allemands,
semble-t-il, ont organisé pour nous un concours national d'hospitalité!
Rien ne le laissait pourtant présager: 1er soir, nous essuyons 5 refus
avant de trouver enfin un jardin où planter la tente; DACHAU Pour nous, Français,
ce nom est indissociable des atrocités de la seconde Guerre Mondiale. Les
Allemands, eux, ne comprennent pas tout de suite ce que nous voulons voir
à Dachau. D'ailleurs, la politique de la ville est visiblement de tenter
de changer d'image, de valoriser d'autres activit&s touristiques (cela
se comprend). dimanche 17 juillet 2005 environ 100 km parcourus Ils ont parcouru 103 km en suivant l'Isar et dormi à Niederaichbach ( près de Landshut) lundi 18 juillet 2005 Ils ont parcouru 1138 km au total. Direction l'Autriche, Vienne, via Passau en suivant le Danube. mercredi 20 juillet 2005 AUTRICHE
Tout va bien. Ils sont à
Linz(Autriche) et ont fait environ 1380 km. Le concours d'hospitalité
semble terminé donc ils ont inauguré le camping sauvage (à proximité
des maisons pour la sécurité), sauf hier soir où ils ont disposé du
jardin.
samedi 23 juillet 2005 Ecrit le
samedi 23 juillet de Vienne
Nous sommes à Vienne!!
jeudi 28 juillet 2005 HONGRIE Nous sommes partis il y a 26 jours Nous avons parcouru 1920 km .... et sommes à Budapest Ecrit le jeudi 28 juillet de Budapest
Ô DANUBE Nous te devons bien cet hommage, toi qui nous as épargné
le relief autrichien. Car la Terre, qu'on se le dise, n'est pas
"bleue comme une orange", comme l'affirmait Eluard, mais plutôt
comme un ananas: c'est-à-dire truffée de pics... Avis aux amateurs...
LES FRANCAIS PARLENT AUX FRANCAIS Le hasard, c'est connu, fait bien les choses. Il
nous avait déjà réservé quelques belles rencontres avec des familles
allemandes et autrichiennes. "- Where do you come from? Nous passons toute la journée ensemble, à échanger
conseils et avis. Didier a 41 ans et il effectue un tour d'Europe à vélo:
vers le Cap Nord, puis les pays baltes, en passant par la Pologne, il a déjà
parcouru 10 000 km en un peu plus de 3 mois! Précisons que, lors de notre
rencontre à Vienne, il est littéralement sur les rotules! Didier est un
forçat du vélo et rien ne lui plaît tant qu'une côte à 10% ! VIENNE Vienne, pour nous, c'était un peu comme Venise ou
Paris: la ville romantique, où nous pourrions déambuler avec notre
amour, Thelma, Louise et même Didier pour la journée de samedi!! ZU FRIEDEN Dachau avait été l'occasion d'une réflexion sur
le passé de l'Europe et sur les fondements de son union. Le Danube, trait
d'union qui court de l'Allemagne à la Roumanie en passant par des pays
aussi différents que l'Autriche et la Slovaquie, en est une deuxième.
samedi 20 août 2005 Ecrit le
samedi 20 août de Paris (si, si, ...)
Nous sommes à Paris, ou nous sommes arrivés le 12/08 (en train depuis Thessalonique, Grèce) Le 09/08, nous avions parcouru 3 127 km, dont 750 en train (environ 2 500 pédalés en 5 semaines)
Leçon Un dimanche, en Hongrie. Comme à notre habitude, nous levons le camp à 6h30 pour profiter de la fraîcheur matinale. La carte n’indique pas de route dans la direction que nous prenons. Qu’à cela ne tienne, nous sommes rôdés pour nous diriger à la boussole ; s’ensuivent alors 3 longues heures de pédalage à travers champs, sur des chemins de sable ou de bosses, à moitié dans les fourrés. Vers10h, c’est le cagnard (la montre indique 41°C) et pas un arbre à l’horizon. Pas une habitation non plus, c’est le « no man’s land » hongrois. Dur. A midi, nous échouons finalement dans un village et nous nous écroulons sous un arbre pour la pause. L’ambiance est pour le moins morose. Nous pestons contre la Hongrie et ses hongrois qui nous semblent en plus si inhospitaliers. Un type en face se met à tondre sa pelouse. Depuis le début, nous avons le sentiment que toute l’Europe n’est occupée qu’à tondre et à arroser sa pelouse (avec force d’eau, que de gâchis !). L’indifférence que cet homme affiche à notre égard nous fait enrager. Pourtant, une heure plus tard, il vient soudain vers nous et nous propose de l’eau fraîche. Joie. Puis il nous invite dans son jardin et nous offre une pastèque entière, accompagnée d’une bière. Nous commençons à avoir honte de nous en être pris secrètement à lui. Mais ce n’est qu’un début. La rencontre avec Ferenc, c’est son nom, sera l’une des plus belles depuis notre départ. Il nous invite à dormir chez ses parents qui sont d’une entière bonté avec nous. L’après-midi, « Feri » nous emmène en balade : nous visitons son village, allons voir le lac où il pêche et atterrissons finalement sur une terrasse à déguster d’énormes et succulentes glaces. La soirée se passe tous ensemble à discuter, échanger. Nous évoquons tour à tour Napoléon, Hugo, Maupassant, Dumas, les auteurs hongrois, l’histoire du pays, l’Afrique, etc… Nous nous couchons dans un lit, sereins, propres et repus, en ayant la sensation d’avoir vécu une riche journée. Le lendemain, les adieux sont émouvants. A la sortie du village, Feri nous attend avec un jus d’orange frais pour la route. Nous en tirons 2 leçons : d’abord, l’important est de ne jamais désespérer. Ensuite, il ne faut jamais émettre de jugements trop hâtifs...
BABEL La langue est à elle seule toute une aventure dans ce type de voyage. Dans la partie de l’Europe que nous traversons, nous utilisons l’anglais et surtout l’allemand. Cette dernière, nous le savions déjà, est la langue la plus parlée en Europe : mais c’est valable non seulement en terme du nombre de locuteurs (au moins 80 millions d’Allemands et 8 millions d’Autrichiens), mais aussi en terme d’extension géographique : en effet, de la Slovaquie à la Serbie, l’habitant lambda ne parle pas un mot d’anglais mais « ein bishen deutsch ». Pratique pour Thomas, qui s’en sort aussi plus naturellement en allemand. Mais la langue se pose parfois en barrière : témoin cette anicroche entre Thomas et un policier serbe buté. Celui-ci l’interpelle en serbe sur un ton mauvais. Thomas se retourne : « What ? Do you speak english ? » Quelle question! L’âne se met alors à braire, en serbe, que en Serbie on parle serbe : Thomas ne parle pas serbe donc lui ne parle pas anglais, c’est sa logique. Pas question de trouver un compromis. Car l’anglais n’est pas non plus notre langue naturelle : c’est pour nous un terrain d’entente, un pont entre 2 individus qui ne se comprennent pas. Parfois les échanges donnent lieu à des scènes comiques. En Hongrie, avec les parents de Ferenc, nous n’utilisons pas moins de 3 dicos pour communiquer : un dico français-anglais/ anglais-français, un dico anglais-hongrois et un dico hongrois-allemand. Quand Ilona se met en tête de nous parler cuisine, nous passons une demi-heure de rires à tenter de traduire ce dont elle veut nous parler : le foie gras en France. Elle ne sait pas dire foie en anglais et nous ne comprenons pas le mot allemand ! En tout cas, cela nous change de l’animosité de nombreux interlocuteurs qui répugnent à nous répondre autrement que dans leur langue. Quand il est vraiment impossible de se comprendre par la langue, notre frustration initiale se mue vite en un défi pour communiquer par signes, pantomime, dessins. En Serbie, nous arrivons ainsi à expliquer notre voyage à une famille qui nous a invités pour le café. La grand-mère, très douce, fait alors un grand signe de son cœur vers nous : nous comprenons qu’elle nous souhaite bonne chance. Pas besoin de mots… MOUSSAKA Même pour nous, qui nous étions quelque peu renseignés sur les Balkans avant de les traverser, les questions de géopolitiques dans cette région sont encore assez confuses dans notre tête. Nous prenons conscience de nos lacunes en Hongrie, quand Ilona nous apprend que l’Albanie n’a jamais fait partie de la Yougoslavie, surtout ne pas confondre !! Autant pour nous. Les choses se précisent peu à peu, au gré des conversations. Vesna nous improvise, à notre demande, un cours express sur l’histoire de l’ex-Yougoslavie. Mettons donc les choses au point : la grande
Yougoslavie, celle de Tito (on trouve toujours des cartes postales Quelques rancunes semblent subsister entre Croates, Bosniaques et Serbes, mais tout va bien entre les Serbes et les Macédoniens, merci pour eux. En revanche, le Kosovo a toujours des velléités d’indépendance. En Grèce, nous continuons notre cours : nous apprenons alors que la Macédoine n’est pas reconnue en tant que telle par l’ONU. En effet, la Grèce conteste cette appellation, car la Macédoine correspond à l’empire d’Alexandre le Grand, qui était grec et non slave. Ils accepteraient tout au plus le nom de « Macédoine du Nord ». Une chose semble mettre tout le monde d’accord, c’est que les Albanais sont des voleurs. Mais les Hongrois se méfient aussi des Tziganes et les Grecs des Turcs… Les choses sont maintenant plus claires pour nous et nous entrevoyons surtout la complexité des problèmes qui ont secoué les Balkans : ce que nous appelons « balkanisation », Vesna l’appelle « Moussaka » ! CLICHES Depuis la Slovaquie, vous avez pu le remarquer, les photos se sont faites assez rares. La 1ère raison en est que nous n’avons pas traversé de lieu marquant depuis lors (en-dehors de Budapest). La seconde en est surtout que le niveau de vie des pays traversés est plus faible. Dans ces conditions, le travail du photographe se complique : comment en effet rendre compte de la réalité d’un pays sans tomber dans le cliché ? Dans un village quelconque de Hongrie, par exemple, faut-il photographier le quartier le plus sale ou la rue commerçante aux façades fraîchement repeintes, ou encore les villas clinquantes des alentours ? Pourquoi telle maison plutôt qu’une autre ? En Serbie, 20 km avant Belgrade, le problème se pose avec plus d’acuité : nous traversons alors un véritable trou à rats. Le village est mort mais habité, les bâtiments sont décrépits, les rues sont sales, les poubelles débordent, les fenêtres sont sans carreaux ou réparées avec du journal, les gens sont visiblement très pauvres. Nous nous arrêtons dans une supérette où nous prenons une photo. Mais pour cela, nous avons attendu que la rue soit déserte, car nous n’osons pas sortir l’appareil devant les gens. Il sauraient pourquoi nous prenons des photos et nous ne voulons pas leur faire honte. Cependant, nous sommes conscients que le problème se posera également dans certains villages d’Afrique. Nous devons donc progresser sur ce point, apprendre à choisir nos sujets et travailler notre discrétion, pour pouvoir témoigner efficacement de ce que nous voyons. LA GRANDE VADROUILLE
Si vous aimez le
folklore, prenez le train en ex-Yougoslavie avec des vélos, vous ne
serez pas déçus du voyage! En effet le retour en train, de Katerini
(Grèce) à Paris, fut pour nous une épopée à part entière... une
aventure humaine aussi.
Mercredi
matin, nous quittons Korinos pour prendre le train à la gare de
Katerini. Là-bas, ça commence très fort: la dame du guichet, qui ne
daigne pas parler un mot d'anglais, essaie d'arnaquer Charlotte sur le
prix des billets et profite qu'elle soit étrangère pour faire passer
les autochtones devant elle. Agréable!! Pour couronner le tout, elle
fait semblant de ne pas comprendre que nous avons 2 vélos et, quand
notre train arrive, on nous annonce qu'il ne les accepte pas et qu'il
nous faut encore patienter jusqu'au prochain. En fait d'
"annonce", nous subissons une douche d'invectives grecques de
la part du chef de gare furieux de notre tentative insolente pour monter
dans le train, et celui-ci redémarre devant nous.
Finalement, nous
arrivons à Thessalonique où, quelle chance, il y a une correspondance
immédiate, de nuit, pour Belgrade.
Nous
passons une nuit très mouvementée, rythmée par les contrôles
incessants. Les contrôleurs du train ouvrent le bal: ils entrent dans
le compartiment, à toute heure, allument la lumière en rugissant
"Ticket"! Puis c'est à la police de nous réveiller, au son
de "Passeport" (car on sort de l'Europe)! La douane se joint
au ballet, prise de panique par le nombre de nos sacoches: lampe de
poche dans la face, nous leur expliquons qu'elle contiennent... nos
affaires! Ils repartent rassurés, sans rien vérifier... Enfin, nous
avons le droit à un traitement spécial, puisque le contrôleur revient
en chantant "Bicycle, bicycle": c'est le moment pour Thomas de
sortir pour négocier le montant du backshish qu'il s'arrogera pour
fermer les yeux sur nos vélos... Et tout ce cirque se répète à
chaque frontière, toute la nuit.
Dans
le compartiment, en revanche, l'ambiance est chaleureuse: les passagers,
Serbes ou Macédoniens, ne se connaissent pas mais nous avons
l'impression d'assister à une réunion de famille: tout le monde se
parle comme de vieux amis. Nous partageons café, biscuits, discutons,
échangeons (un contrôleur qui voyage avec nous prête même sa revue
porno à notre voisin qui se rince l'oeil durant son voyage). On se
sent bien, cela nous change des trains français où chacun s'applique
soigneusement à ignorer son voisin, tous cachés derrière un masque
froid et dédaigneux.
Nous
sympathisons avec Damir, qui vit à Belgrade. Il est artiste-peintre et
travaille dans la restauration de fresques (en ce moment, il restaure un
monastère qui a brûlé sur une île grecque). On parle histoire,
cinéma, etc.... Il aime nous parler de son pays, et nous
raconte la version yougoslave de la légende de St Nicolas: ici, il a
sauvé 3 filles de la prostitution en déposant, la nuit, de
l'argent sur l'appui de fenêtre de leur père!
En arrivant à Belgrade
jeudi, après 15 heures de train non-stop, nous sommes tous les 3
affamés par ce long voyage. Damir nous propose son aide pour prendre
les billets pour Paris, puis on va manger ensemble un super petit déjeuner
dans le vieux Belgrade: omelette, fromage, pain, lait et une glace pour
finir. Notre ami accepte à peine que nous payions ces dernières!
Nous retournons ensuite à la gare car notre prochain train part à 13h.
Avant de nous dire au revoir, Damir arrive encore à nous donner
350 dinars pour payer le "conductor". Il insiste, nous ne
pouvons refuser. Mais ce n'est pas fini. Il nous quitte et revient 5
minutes plus tard avec un sac de pain et de pâtisseries yougoslaves,
pour le voyage (nous avons encore 17 heures de train non-stop jusqu'à
Munich). Quelle générosité incroyable, il faut le vivre pour le
croire! Dans le train, une question nous vient à l'esprit: en
aurions-nous fait autant? Les adieux sont émouvants, une
fois de plus.
Les divers
contrôles se succèdent à nouveau, et nous payons à chaque frontière
pour les vélos. Les différents contrôleurs ne sont d'ailleurs jamais
d'accord sur la place de Thelma et Louise que nous devons déplacer sans
cesse! Bêtement, nous pensons que l'entrée en Europe marquera la fin
de la galère: erreur! Nous passons la frontière autrichienne à 2h du
matin et c'est la Bérézina: nous y sommes contraints de quitter le
train qui est devenu interdit aux vélos! Nous essayons de
marchander, mais pas moyen: nous nous retrouvons donc en plein milieu de
la nuit sur le quai d'un village autrichien dont nous ignorons le nom et
devons attendre le train de 6h, direction Salzburg! Là, nous avons une
correspondance vers Munich, puis enfin de Munich vers Paris où
nous arrivons vendredi à 21h30.
Au total,
nous avons passé plus de 40 heures dans le train (sans
compter le temps à "squatter" les gares), qui nous
auront plus fatigués que les 2 500 km parcourus à vélo!
Ouf!
" MEETING AFRICA ", 2 EME Clap! Eh oui, c’est de Paris, où nous ne pensions pas revenir de sitôt, que nous écrivons ces mots pour vous expliquer ce qu’il se passe. Tout a commencé à Budapest, après 1 900 km de pédalage à travers l’Europe. Les évènements récents en Egypte commencèrent alors sérieusement à nous inquiéter pour la suite du voyage : la possibilité de traverser le pays à vélo nous paraissait bien mise à mal à cause du durcissement des règles de sécurité là-bas. Nous entrevoyions déjà la fin prématurée de Meeting Africa, échoués devant les pyramides… Difficile de continuer à rouler sereinement dans ces conditions, la tête pleine de doutes et de questions. Notre impatience de sortir de l’Europe grandit avec notre appréhension. Une question en appelant une autre, nous commençons à nous demander si tenter de traverser l’Ethiopie, apparemment vraiment inhospitalière à l’égard des touristes isolés, vaut vraiment la peine. En effet, notre véritable but, nous ne nous en sommes jamais cachés, est la découverte de l’Afrique australe : avons-nous vraiment envie de faire tant d’efforts, tant de kilomètres pour risquer d’échouer avant le cœur de notre voyage, aux portes de notre rêve ? Malgré cette « crise », nous continuons à progresser vers Belgrade où tout s’accélère. Toutes les solutions sont alors envisagées, jusqu’à l’abandon pur et simple. Il nous paraît néanmoins nécessaire d’aller jusqu’à Athènes où nous pourrons décider si nous prenons le bateau pour l’Egypte ou directement pour le Kenya, voire si nous rentrons en France. Nous prenons le train, bon marché, pour Thessalonique, afin de régler au plus vite ces questions. Notre réflexion nous amène finalement à penser que les vélos représentent pour nous un trop gros risque financier : en effet, il s’avère que nous aurons certainement un jour à prendre l’avion (au moins de Khartoum à Nairobi, et le surcoût dû au poids des vélos serait exorbitant), car les cargos accessibles aux touristes ne desservent pas la côte est du continent africain. Après avoir à nouveau envisagé toutes les solutions, nous en revenons à une vieille idée que nous avions mise de côté lors de la naissance de Meeting Africa : voyager à pied. Choisir ce moyen nous oblige dès lors à prendre l’avion ; ceux qui nous connaissent savent que c’est un mode de transport que nous réprouvons, étant donné son coût environnemental élevé. Cependant, nous pensons qu’avoir une attitude éco-responsable ne consiste pas à se priver de tout mais bien à mettre en balance chacun de ses actes avec l’impact qu’il a sur l’environnement : en l’occurrence, nous pensons que le trajet en avion vaut le coup. Nous allons le prendre sur une longue distance, mais pas pour une semaine de bronzage au bord d’une piscine rigoureusement identique aux piscines françaises, ou pour faire un trajet que nous aurions pu faire en train. Ce trajet (et le retour) nous ouvre la porte de 9 mois de découverte de l’Afrique, 9 mois d’une expérience unique. L’idée de voyager à pied nous avait toujours séduits , mais nous avions finalement opté pour le vélo car il nous donnait un rayon d’action plus large. Désormais, Meeting Africa changera de visage, mais pas de nature. Il s’agit toujours d’une plongée au cœur d’un continent, à la rencontre de ses peuples, de ses paysages, de ses milieux. Cette plongée sera probablement « limitée » à 4 pays (l’Afrique du Sud, le Botswana, la Zambie et la Tanzanie) mais gageons qu’elle n’en sera que plus intense. Nous ne regrettons cependant pas nos 6 semaines de traversée de l’Europe. Géographiquement, elles auront été inutiles. Mais sur le plan personnel, elles nous auront beaucoup apporté : outre l’entraînement physique, elles nous ont appris à voyager par nos propres moyens et nous ont permis d’acquérir des réflexes, une expérience qui nous sera pour le moins utile à l’avenir. Enfin, ce fut une expérience humaine formidable, pleine de promesses pour la suite du voyage. C’est donc maintenant vers l’Afrique du Sud que nous vous emmenons, un peu brusquement certes, mais avec tout autant de détermination. Nous atterrirons normalement à Johannesburg le 29 août pour ensuite nous diriger droit vers le Botswana. Notre but est désormais d’atteindre le Kilimandjaro à pied (cf. itinéraire). En espérant que vous serez toujours aussi nombreux et ardents à nous soutenir, car c’est à votre enthousiasme que nous devons de ne pas avoir craqué dans les moments de crise. De notre côté, nous allons continuer à partager cette aventure avec vous, et à tenter de vous faire rêver…
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